Nouveautés "Paris est ludique" : La Bataille de Hoth | Incantibus | Critter Kitchen | All in Prediction | Arigatō | Galactic Cruise | Styx...
La newsletter des jeux de plateau, de rôle, de cartes, de mains et de vilains, par l'équipe de Canard PC.
Après un premier tour des allées, on se dit que « Paris est ludique » a fait son choix : le festival accentue sa dimension tout-public, visant à la découverte du jeu et à l’accueil des familles, et ne cherche pas à être un événement professionnel. On y met en avant une majorité de titres déjà sortis, voire quelques grands classiques… et même les titres en avant-première peuvent sembler calibrés autour de mécaniques très éprouvées pour ne pas perturber le public occasionnel. Ça ne m’a pas empêchée de fouiner, les jambes dans les flaques et la tête brûlée, pour dénicher dans les coins les pépites de cet été ou de la rentrée.
NOUVEAU NUMÉRO : La Bataille de Hoth, Frosthaven, ARCS, Thunder Road…
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Sagas à fric ? Ah !
La Bataille de Hoth, et autres déclinaisons. J’ai fait allemand et latin. Ce n’est pas qu’un indice sur la profession de mes parents, c’est une façon subtile d’indiquer que je n’ai, en soi, rien contre les déclinaisons. L’avenir en sera encore fait, vu qu’on a pu apercevoir une version Kids de Splendor et le roll and write bien pensé 7 Wonders Dice. Mais l’éditeur Days of Wonder a surtout rendu publique sa Bataille de Hoth, affrontement d’armées starwaresques. Sachant qu’elle tourne en système Mémoire 44 comme le merveilleux Battlelore, il n’y a pas besoin pour l’apprécier d’être spécialiste de l’univers (du moins pas au point de savoir dans quel coin de la galaxie on dit plutôt « pain au Palpat »).
Duplik et Gygès, le retour. Un aspect un peu plus vieillerie, on aperçoit aussi dans les sorties à venir la nouvelle édition de Duplik chez Asmodee (le meilleur jeu de dessin, par William Jacobson et Amanda Kohout) et un Gygès version deluxe, un des jeux abstraits les plus retors du maître du genre Claude Leroy.
Amour, gloire et potée
Critter Kitchen. Le jeu de Peter C. Hayward et Alex Cutler sera localisé chez LDG en septembre. C’est un double-guessing, avec de la programmation : ils guident une récolte d’ingrédients pour que les taupes-chefs servent les meilleurs plats, notamment au critique gastronomique de fin de partie. Pas de détail mécanique qui pousse à hurler au jamais vu, mais un bel ensemble cohérent qui fait plonger avec délices dans le thème mignon des animaux cuisiniers.
Incantibus. Ça fait un moment que j’attends de vous parler d’Incantibus (Cléo et Charles Chevallier, Studio H), mais cette fois c’est la bonne, il arrive en septembre. Double-guessing là-encore, qui ne révolutionne rien, mais le fait bien et avec une débauche matérielle qui met des paillettes dans la vie des plus jeunes. Baguette en main, on désigne au décompte ce que l’on souhaite récupérer, en espérant être seul à le vouloir.
Des chiffres et des lettres de noblesse
All in Prediction. Ce jeu de Phil Walker Harding arrive chez Next Move et part sur une idée de poker. Chaque tour, on peut utiliser les pouvoirs de ses cartes pour en échanger avec la pioche ou la rivière, dans l’optique de se constituer la meilleure main possible. Sans trop se faire remarquer : en fin de manche, on essaie de deviner qui a la meilleure main, prédiction assez rémunératrice. Du potentiel à confirmer, car il y a du coup une tension entre vitesse et discrétion.
Take Time. À Cannes, j’avais croisé Take Time, le prochain Julien Prothière prévu pour octobre chez Libellud. Une partie à deux ne m’avait pas convaincue. Devant la réputation un peu clivante que le jeu commence à se tailler, j’ai récidivé à quatre, et c’était carrément mieux. Il s’agit de poser toutes les cartes en main autour d’une horloge, sachant qu’il faut organiser les valeurs, ou la somme des valeurs, de façon croissante, et avec des contraintes. L’originalité est dans la phase de concertation tactique permise avant de voir ses cartes, dont les belles intentions s’effondrent partiellement à la vue de sa main, et donc dans la tentative de concilier rêve et réalité. Et non, ce n’est pas « juste un The Mind avec plus de matos » : la coordination à développer n’a rien à voir.
À la lettre. Le nouveau jeu de Bruno Faidutti (Don’t Panic Games, en septembre) est un exercice de torture pour cruciverbiste, un « draw and write » de lettres qu’on place dans une grille pour espérer former un maximum de mots. C’est une idée incroyable et j’espère que son public n’est pas limité à, hmm, moi.
Moral au combo fixe
Arigatō. Cette création de Mélodye Ladrat et Florian Sirieix est prévue pour septembre chez Ludonautes. Système de draft, gestion de ressources et fabrication de cadeaux pour le Shogun : tout le jeu crie au classicisme, et pourtant il me donne envie d’y revenir. Parce que face aux décisions, il y a deux possibilités : les regretter immédiatement ou plus tard. Il faut souvent accepter de casser sa combo pour faire un objectif et espérer en construire une meilleure. Avec 50 effets différents à appréhender pour former au mieux ses combos, on en prend pour plusieurs parties d’amertume avant de s’en sortir.
Miams. Le « and write » continue très fort d’avoir la cote. Il m’attire sous la forme de Miams de Jules Messaud (chez Kyf Editions en août), un Yams survitaminé, pas parce qu’il est illustré avec des fruits qui font des trollfaces, mais parce qu’il fait cumuler des pouvoirs de partout. On est dans la catégorie pur plaisir, au point qu’on finit par trouver plus de joie à voir tourner une belle combo sur un beau jet, même s’il est chez l’adversaire, qu’à marquer des points.
Neko Syndicate. Dans la même catégorie, Neko Syndicate (Dani Garcia, en août chez Pixie Games) m’a moins convaincue. Pourtant, il augurait bien, avec ses cartes à poser pour construire une structure dans laquelle on fait cheminer ses ouvriers le long de lignes d’action qu’on espère en synergie. Mais il s’est avéré extrêmement solitaire.
Experte sèche
Galactic Cruise. Dans le mode « toujours plus » du gros jeu expert à durée illimitée, j’ai pu pratiquer Galactic Cruise (T. K. King, Dennis Northcott, Koltin Thompson). Si vous lisez un peu le magazine, vous savez qu’à l’idée d’envoyer des touristes dans l’espace j’ai produit un « roh pffffff » utilisant tous les f disponibles dans un rayon de 10 km. Mais même si je préfère les thèmes culinaires, Galactic Cruise n’a rien d’un brouillon-cube. Je dois admettre que le thème colle plutôt bien à la mécanique. Et puis, il y a ce petit placement d’ouvriers où l’on peut faire deux actions, à choisir entre celles de la case et celles des cases adjacentes si connectées par un jeton de notre couleur (ou si on paye)… À celles et ceux qui ne souhaitent rien se re-fusée, les versions classiques et deluxe arrivent en septembre chez Super Meeple.
Mythologies. Même s’il joue autour des grosses combos comme beaucoup des jeux ci-dessus, Mythologies chez Super Meeple, sortie Cannes 2026) amène un vrai goût d’originalité dans sa structure. Ce jeu de Maxime Babad et Mickaël Garcin utilise un système de draft particulier : les cartes sont réparties dans quatre quadrants, et une carte centrale prise au hasard indique qui peut piocher dans quoi. Les quatre couleurs seront proposées à chacun, il est donc possible de refuser de prendre une carte à son tour pour attendre d’avoir accès à un autre quadrant… où la carte qui nous intéresse aura peut-être disparu d’ici là.
Styx. « Très étrange ???? » : voici la conclusion de mes notes sur Styx de Pierre Lahmi, à venir pour octobre chez Don’t Panic Games. Autour de trois simples actions et d’un double-guessing, le jeu a réussi à paumer tout le monde à table. Deux cartes disponibles chaque tour : on y place face cachée un jeton action, puis on révèle le tout. On peut collecter de l’argent, recruter la carte avec un unique tour d’enchère entre ceux qui étaient positionnés dessus… Mais rien de tout ça ne se fera si quelqu’un a choisi de tuer la créature en dépensant des unités précédemment acquises. Le gagnant a été celui qui chouinait depuis vingt minutes auprès de l’animateur sur le fait que le jeu était déséquilibré et qu’il avait déjà perdu. Je vais donc assumer de ne pas pouvoir vous dire si c’est bien, mais simplement que j’ai très, très envie d’y rejouer au Festival des jeux de Vichy et que ça vaut le coup de garder un œil dessus.
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