ÉDITION SPÉCIALE : Bilan du Festival international des jeux de Cannes | Palmarès, sorties et découvertes
Une édition « spéciale FIJ » de la newsletter des jeux de plateau, de rôle, de cartes, de mains et de vilains, par l'équipe de Canard PC.
Palmarès
Dimanche, c’était la fin du Festival international des jeux de Cannes, le plus grand festival français. Comme tous les ans, y ont été remis deux prix : l’As d’or, prix national du jeu de société, et le Graal d’or pour le jeu de rôle.
Côté RPG, les gagnants sont Gods, création francophone chez Arkhane Asylum, Fabula Ultima pour l’international, localisé par Don’t Panic Games et inspiré des JRPG, et la réédition de Vermine 2047 chez Agate RPG.
Pour le jeu de société, ont été distingués :
Opération Noisette pour les enfants, un jeu de dextérité qui consiste à reposer des noisettes dans un tronc sans les faire bruyamment dégringoler.
Odin pour la catégorie tout public, un jeu de défausse à la Président bien fichu (même si personnellement j’ai un petit faible pour Scout dans le même genre, qui me semble un peu plus profond)
Behind pour la catégorie « Initié », excusez du puzzle ! Perco vous l’a déjà dit avec des pleurs, et j’ai envie d’en remettre une couche tellement Behind, c’est parfait. La deuxième boîte est prévue cette année.
Kutná Hora, jeu expert où tout passe par l’argent, ciselé et assez pur.
Bon, savoir cela, c’est déjà ça de prix, mais après, me direz-vous ? Parmi la masse de jeux présentés, qu’est-ce qui a pris de la hauteur par rapport aux autres, qu’est-ce qui arrosera les rayons des boutiques, bref, à quoi est-ce que Cannes adhère ? Sans spoiler les previews du prochain hors-série, voici quelques repérages.
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Détours dans mon sac
Queen Marie Antoinette. Dans les allées, ça parle beaucoup de Présages, d’Agent Avenue et de Zénith, mais tous ceux-là, on vous en cause dans le hors-série de Canard PC qui arrive très vite. Sur les salons, il y a aussi beaucoup de plaisir dans les jeux qu’on n’attendait pas. Parmi ceux-ci, Queen Marie Antoinette (Julien Griffon chez Oka Luda) sort en avril avec des illustrations d’Alice Pierret que je trouve incroyables. Chaque tour, on rend une des cartes de sa collection sur une pile, et on récupère les deux cartes du fond de celle-ci, pouvoirs et objectifs à l’appui, pour marquer des points. Ça a l’air tout con, mais c’est très tendu, très interactif et sans temps morts, et l’idée de renoncer pour faire plus me plaît. Le thème ? Hmm. C’est joli, j’ai dit.
Terres de Loup. Les jeux à deux continuent d’avoir la part belle. Parmi eux, Terres de Loup (Anthony Perone et Yasuyuki Nakamura) chez Origames est bien moins classique qu’on ne le croirait au premier abord. Il mélange plis, placement et majorités et force à revoir ce qu’on croit être une main forte. C’est joli aussi, mais dans un style qui m’impressionne moins : les loups et les couleuvres, ça ne se discute pas…
Lacuna. Surprise aussi pour Lacuna (Mark Gerrits chez Savana), qui sort le 28 mars. Un titre abstrait dans lequel on doit placer des pions sur une ligne entre deux fleurs de même couleur, à la fois pour récupérer ces deux-là, mais aussi pour se placer efficacement, car en fin de partie toutes les fleurs restantes vont au pion le plus proche. Un mode de réflexion vraiment inattendu, et un bel objet.
Daydream. Enfin, moi qui n’aime pas tant les roll and write, j’ai pris plaisir à retrouver Daydream d’Anthony Perone et Benoit Turpin, prévu en mars chez Disto Studio et qui se présente comme une vidéo de chaton au milieu d’un doomscrolling (si vous n’avez pas besoin de douceur en ce moment, vous avez peut-être loupé les dernières infos, ou pas allumé Internet depuis 2010). La mécanique façon Sudoku est assez classique et peu interactive, mais le jeu l’assume comme une bulle quasi solitaire en proposant une mise en scène lofi et en rappelant de se faire un thé avant de commencer.
J’en expert mon latin
Rock Hard 1977. Ce n’est plus une nouveauté : les gros jeux de gestion ont moins leur place qu’avant sur les salons. Des tables de deux heures, moins de potentiel d’achat à la fin… Mais quand on ouvre l’œil, on repère tout de même quelques pépites. J’ai par exemple adoré apprendre que Rock Hard 1977, un jeu « Expert light » créé par Jacki Fox, une ex-musicienne, serait traduit par Iello au mois d’août, pour les festivals. Il faut y gérer ses tournées et ses enregistrements studio.
Kingdom crossing. Côté Sorry We Are French, Kingdom crossing (Marco Canetta et Stefania Niccolini) est prévu pour octobre : malgré son côté trognon et ses castors, on parle bien d’un eurogame qui va vous prendre la tête, car il faut se déplacer entre les zones d’action en n’empruntant qu’une seule fois chaque pont. Mon regret ? Un jeu avec des ponts et des animaux, et zéro éléphant. Ça fait maintenant quatre ans que je garde le sous-titre « Hannibal crossing » dans un coin, et aucun jeu ne sort jamais pour l’utiliser.
À surveiller également :
Potentiel sous-titre « Celtes, un fameux trauma » en approche, par contre, car Ravensburger sort Les Druides d’Edora, de Stefan Feld, en août.
Côté Super Meeple, toujours à la pointe des localisations des jeux experts, Wondrous Creatures et IronWood dont on vous parlera très, très bientôt dans le hors-série ont été remarqués, ainsi que Thesauros.
And again
De jolies rééditions ont également été annoncées.
Si celle de Myrmes de Yoann Levet (j’y faisais allusion ici en 2022) se fait attendre, Bombyx évoque également la version modernisée des Chevaliers de la Table ronde (Serge Laget et Bruno Cathala).
Mais mon petit délice personnel du salon a été de découvrir que Kréus/Kréo de Julien Prothière revient, ou du moins que Dame Nature chez Jeux Opla en est le prolongement. Il sera rendu plus accessible (Kréo, je t’aime, mais la façon dont ton aide de jeu a été pensée m’a fait perdre plusieurs potes) et surtout il a été paré d’une direction artistique incroyable à base de broderie et tapisserie (je Kréo génie) ; espérons que les niveaux avancés donnent du fil à retordre.
Jeux d’enquête : un, dix ou plus

Côté investigations et énigmes, il y a de quoi s’en mettre plein la loupe, en plus des gammes existantes (Hidden Games, Dossiers criminels et Sous scellés offrent tous les trois des enquêtes bien ficelées et immersives).
Medical Mysteries. Ce jeu de Rebecca Bleau et Nicholas Cravotta chez Iello sort en avril pour qu’on puisse se prendre pour Dr House.
Split stories. La nouvelle maison « Je suis d’ailleurs » arrive à l’été 2025 avec une mécanique pour deux, chacun ayant son livret et devant trouver quoi communiquer à l’autre : Split stories, par Mathias Daval, Romain Delerg et Florent Cautela (qui a fait Codex; je vous ai dit que c’est trop bien, Codex ?). Le scénario de démo sur le salon était plutôt sympa si l’on accepte le côté un peu abstrait. Celui distribué « à emporter » était plus cliché et trop lapidaire. Dans l’ensemble, on attend de voir où mènera ce titre façon Perspectives mais bien mieux calibré pour un duo.
À surveiller également :
Helvetiq a dans sa besace pour la fin d’année un jeu d’enquêtes journalistiques bien ficelé dont le nom actuel est Reporter, et espère pouvoir faire des scénarios réalistes, peut-être sur des affaires ayant existé.
Enfin, Bombyx tease toujours Spoon River, de Paolo Mori, enquêtes menées par un fossoyeur qui ont été repoussées à 2026.
Souvenirs d’enfance

Je n’ai pas emmené mes filleuls à Cannes, et je n’ai pas de passion personnelle pour Pat Patrouille. Si je vous conseille un jeu enfant, c’est donc que vous avez une chance très faible de vous y ennuyer en tant qu’adulte, voire entre adultes. Deux titres pour cette année :
L’Île des Mookies. Chez Scorpion Masqué, L’Île des Mookies était en vente sur le salon et sera ensuite accessible à partir de juin. On fait deux paquets de cartes Pokem… pardon, de bestioles sans licence qui sont de type lune, feuille ou eau, version biface. Chaque tour on en prend une, on choisit la face et on la pose sur sa pile personnelle en couvrant celle précédemment prise. À la fin, on compte les majorités. Et surtout on découvre qu’on croyait avoir la majorité, mais qu’en fait pas du tout, parce que la mémoire, à nos âges, hein… On s’y fera pouiller par des gamins de quatre ans, mais on pourra aussi s’entraîner le soir après leur coucher.
Cocoons. Mémoire aussi (la mécanique est reine pour les plus jeunes car leur cerveau habile n’est pas encore encombré avec le mot de passe du site de la CAF), côté Cocoons chez Bankiiz (Marie Fort, Wilfried Fort et Julien Griffon). Un redoutable casse-tête coop’ à base de taquin, que je suis hyper heureuse d’avoir ramené parce que j’y ai perdu deux fois et que je n’allais pas attendre sa sortie mi-mars pour laver mon honneur.
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